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Certaines migraines commencent par une sensation diffuse, alors que d’autres sont d’une cruelle intensité dès le début.
Je souffre de migraines depuis près de 20 ans. Les premières migraines se sont manifestées au début de mon adolescence, et je présente des crises depuis ce temps. Je me souviens de l’époque où elles ne faisaient pas encore partie de ma vie, où je n’avais pas régulièrement l’impression que ma tête était sur le point d’exploser, où la lumière ne me faisait pas l’effet de couteaux me transperçant les yeux et où les journées passaient sans que je m’inquiète qu’une crise se déclenche.
Je connais maintenant la plupart des facteurs qui déclenchent mes migraines : les odeurs, les changements de température, certaines périodes du mois. Je sais que ces éléments sont susceptibles de provoquer une douleur profonde et foudroyante à l’intérieur de mon crâne. Je ne parviens pas toujours à prévenir les crises. Parfois, la douleur s’empare de moi, et je ne peux rien faire sinon attendre que ce soit terminé. Lorsque c’est le cas, c’est la migraine qui l’emporte et qui me vole une journée.
En ce qui me concerne, je présente deux types de migraines. Permettez-moi de vous donner un aperçu de la journée que je vis dans les deux cas, car c’est très différent.
Je me réveille avec les courbatures et douleurs articulaires habituelles, mais cette douleur est supportable. Je me brosse les dents, me nettoie le visage et retourne au lit pour parcourir les médias sociaux et répondre à mes courriels. Je peux sortir prendre des photos pour mon blogue, me rendre à un rendez-vous à l’hôpital ou aller en ville une heure ou deux. Je me sens plutôt bien, mais je ressens un malaise diffus à la tête. Bien que ce soit un peu agaçant, cela ne m’empêche pas de remplir mes obligations.
Au fil de la journée, le malaise diffus se fait de plus en plus intense, et je réalise que ce mal de tête qui est demeuré en arrière-plan toute la journée est en train de se transformer en migraine. Au lieu d’admettre la présence de signes avant-coureurs, j’avais espéré que la douleur à la base de mon crâne disparaîtrait comme par magie; j’ai aggravé la situation en essayant de faire comme si de rien n’était.
Je rentre à la maison, enfile mon pyjama et m’oblige à m’étendre. Le malaise diffus est devenu un volcan qui a fait irruption derrière mes yeux. J’ai l’impression que ma tête est en feu, je peux à peine garder les yeux ouverts, et je suis extrêmement sensible à la lumière. Fermer les yeux est douloureux, ouvrir les yeux est douloureux – mes yeux sont douloureux. Je fais tout mon possible pour me concentrer sur autre chose, mais la migraine a pris le contrôle. J’ai envie de pleurer, mais je ne le fais pas parce ça ne fera qu’empirer les choses. C’est comme si un ballon avait été gonflé à l’intérieur de mon crâne et qu’il était impossible d’ajouter de l’air. La pression augmente et je suis convaincue que ma tête va éclater.
Après avoir appliqué des compresses froides, éliminé toute source de lumière et bu autant d’eau que je suis capable d’en avaler, je finis par m’endormir. Habituellement, je tombe dans un demi-sommeil (je suis presque endormie, mais j’entends ce qui se passe autour de moi) pendant une heure ou deux. Parfois, la migraine s’est atténuée lorsque je me réveille, mais parfois elle s’est aggravée. J’ai des nausées, des étourdissements et je suis incapable de fonctionner. Mon petit ami me prépare un verre d’eau froide et une tranche de pain grillée. Je sais que je dois manger même si je n’en ai pas envie à cause de la nausée, et même s’il me faut une éternité pour terminer.
J’essaie de dormir jusqu’à ce que la crise passe et j’évite la lumière et les autres déclencheurs. La migraine me vole des heures, des journées, des semaines. Je ne peux rien y faire. La migraine en arrière-plan survient lorsque je suis occupée et que j’ai des obligations à remplir. Elle ne se soucie pas de mon horaire. Elle prend tout simplement le contrôle de ma vie.
Ce type de migraine débute avant mon réveil. Je crois être endormie, mais je peux sentir un martèlement et des pulsations dans ma tête. La sensation est intense. La pression de mon crâne sur l’oreiller est insupportable. On dirait que ma tête est prise dans un étau et qu’elle est compressée par cet oreiller moelleux et confortable sur lequel je m’endors tous les soirs. La douleur est violente et profonde. L’oreiller me laboure le crâne, et je ne peux plus rester allongée.
Il est cinq heures du matin, je suis assise dans mon lit, dans le noir, et je ressens une souffrance atroce. Je ne peux pas m’appuyer sur le mur, ma tête ne doit pas toucher à quoi que ce soit. Je peux à peine lever la tête tant elle me semble lourde. Le poids qu’elle exerce sur mon cou et mes épaules est à peine supportable. J’ai l’impression que ma tête a été remplacée par une boule de quilles. Elle n’était pourtant pas aussi lourde lorsque je me suis endormie.
Je prends une gorgée d’eau dans le verre que je garde sur ma table de chevet, et je prie pour que ce soit un rêve, que cette crise ne soit pas réelle, que je puisse me réveiller bientôt sans cette intense crise de migraine. Je demeure assise pendant ce qui semble des heures à ressentir ces pulsations dans mon crâne. J’ai chaud, mon corps est en feu. J’ai l’impression d'avoir de la fièvre, et la température n’aide pas ma douleur, elle l’aggrave. Après un certain temps, je réveille mon copain pour qu’il m’aide à me rendre à la salle de bain. Je manque d’équilibre en temps normal, et c’est encore pire lorsque j’ai une crise.
Je voudrais m’asperger le visage d’eau fraiche et me déposer une compresse froide sur le front, mais je ne peux pas : la plus infime pression est déjà trop forte. Je ne peux même pas toucher mes cheveux pour les éloigner de mon visage. Chaque cheveu est comme une aiguille qui me transperce le cerveau – des milliers d’aiguilles me tenaillent.
Je persuade mon copain de se rendormir. Il est inutile que nous soyons éveillés tous les deux, car nous ne pouvons rien y faire. Je reste assise dans mon lit, dans le noir. J’espère que l’absence de lumière chassera la douleur, le martèlement, le supplice que je ressens. J’observe le soleil se lever. Je suis épuisée. Peut-on dormir en position assise? Pourrais-je apprendre à le faire? De toute façon, la douleur m’en empêcherait probablement. C’est impossible.
J’ai la nausée. Mon copain dépose un seau à côté du lit. Je déteste avoir des vomissements, ils aggravent mon mal de tête. La tête peut-elle exploser à cause de la pression? Je suis si fatiguée et je souffre tant que mes pensées n’ont plus aucun sens. Je suis prise de vomissements. Les larmes roulent sur mon visage tandis que ma tête repose dans le seau. Mon copain me caresse le dos.
Le cycle se poursuit pour le reste de la journée, parfois jusqu’au lendemain. La migraine du matin frappe chaque mois, quelques jours avant le début de mes règles. Parfois, elle survient aussi pendant et après les règles, et dans certains cas, elle ne s’arrête tout simplement pas. La migraine est un mal cruel, qui assiège ma tête et empoisonne ma vie.
Bien que ces deux types de migraines fassent partie de ma vie, ce n’est pas un état constant. Au cours de la journée qui suit une crise de migraine, lorsque le brouillard s’est levé et que je ne ressens plus le besoin de me réfugier dans le noir, la motivation m’anime. Je me sens d’attaque à vivre pleinement une nouvelle journée, car je ne sais jamais quand frappera la prochaine crise de migraine.
Tout en veillant à ne pas en faire trop, je parviens à abattre du travail et je profite des moments où j’ai l’esprit clair. J’apprécie particulièrement les journées qui suivent une crise. Lorsque la migraine m’accable, j’essaie de penser à ces journées et de me rappeler que la douleur passera. Je savoure ces moments.